Une semaine avant Noël, l'accusé de réception du courrier recommandé arriva, signé. Sans suite. C'était une information, pas une dispute. Francis sentit le spectre de la panique d'antan se lever, puis s'évanouir, sans lui offrir le moindre réconfort. La veille de Noël, dans le chalet, le feu crépitait comme toujours par beau temps et avec un bon appétit. Zoé sortit une boîte de décorations en bois, et chacun prit pinceaux et peintures. Francis prit celle qu'elle avait faite l'année précédente – un oiseau quittant sa cage – et peignit un petit nid sous une branche d'épicéa à côté : non pas un remplacement, mais une continuation.
Tard dans la soirée, alors que la vaisselle était déjà rangée et qu'un disque diffusait un chant de Noël qu'on pouvait fredonner sans se soucier de théologie, elle sortit sur le perron. La neige tombait à gros flocons, si épais qu'ils s'accumulaient sur la rambarde entre deux respirations. Son téléphone vibra dans sa poche. Un message. De Jordan.
Papa veut parler. Il n'est pas très doué pour ça. Il essaiera. Seulement si et quand tu le voudras.
Elle resta un instant près de lui, la lueur illuminant sa main. Elle tapa : Après le Nouvel An. D'abord, une conversation sur les limites. Toi, moi, lui. Sans intervention, sans « pour ton bien ». Elle effaça le « s'il te plaît » et envoya le message.
Elle resta dehors jusqu'à ce que le froid s'installe. À l'intérieur, ses amis se disputaient avec une ferveur affectueuse pour savoir s'ils allaient regarder un film ou jouer à un jeu où l'on dessine avec sa main faible et deviner. Elle choisit la seconde option, car être mauvais à quelque chose parmi des personnes rassurantes est une des définitions du bonheur.
À minuit, elles ont trinqué avec leurs verres dépareillés et n'ont pris aucune résolution qu'elles ne souhaitaient pas. Francis a contemplé la pièce – le cercle qu'elle avait choisi et qui l'avait choisie à nouveau – et a senti la douleur qui avait marqué tant de mois de décembre se muer en une sensation plus calme et plus généreuse. Le mot « famille » est devenu un verbe, conjugué avec soin.
Le premier jour ouvrable de l'année, elle ouvrit son atelier de bonne heure, alluma une bougie sur la table et enfila un tablier marqué par l'année écoulée. Elle déplia l'esquisse de sa nouvelle création : une pièce d'argent pliée en une forme suggérant le vol sans défier la gravité. Sur un bout de papier en haut de la page, elle écrivit : « Entretenir la flamme. Non pas comme un ordre, mais comme un rappel. Une seconde chance n'est pas un coup de foudre. C'est une flamme pilote : stable, fiable, qui réchauffe la pièce tant qu'on pense à l'entretenir. »
Elle leva son marteau. Quelque part de l'autre côté du fleuve, la ville se souvint de l'urgence de la situation. Dans les Catskills, la neige retrouva sa douceur. À Londres, grand-mère tourna sa bague vers la fenêtre, guettant le matin pour la retrouver. À Greenwich, une ménagère arrosait une plante qui avait appris à survivre à décembre. Dans un entrepôt du New Jersey, une palette portant son nom se dirigea vers un camion. Et dans un petit atelier de Brooklyn, une femme travaillait – non pour prouver quoi que ce soit, non pour s'excuser, mais pour révéler ce qu'elle avait vu.
C'est du travail. C'est la vie. C'est une seconde chance à Bramble Creek, qui s'est avérée être une seconde chance pour elle.